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FRANZ SCHUBERT

recommençai à errer dans les contrées lointaines. Pendant de longues années je chantai des Lieder. Mais si je voulais chanter l’amour, je n’exprimais que la douleur, et si je voulais chanter la douleur, elle se transformait en amour. Ainsi l’amour et la douleur se partageaient mon âme. Une fois, j’entendis parler d’une pieuse jeune vierge, morte jadis. Un cercle se forma autour de sa tombe dans lequel passaient et repassaient éternellement, comme dans la béatitude, des jeunes gens et des vieillards. Des pensées célestes, pareilles à des étincelles légères, semblaient jaillir incessamment de la tombe sur les jeunes hommes avec un doux murmure. Je craignais d’approcher de ce cercle. Un miracle seul y conduit, disait-on. Cependant je m’avançai lentement, les yeux baissés, plein de foi et de piété vers la tombe, et avant même de m’en douter, je me trouvai dans le cercle d’où sortait un son merveilleux, et un moment je me sentis pénétré d’une éternelle félicité. Je vis mon père apaisé et affectueux. Il m’entoura