Page:Audouard - Silhouettes parisiennes.djvu/16

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comme notre grand et aimé poète la puissance du mot.

Avec cette grandeur calme et sereine, apanage du vrai génie, il a tout chanté, l’âme humaine et ses mystères, l’amour qui console et l’amour qui tue, la haine fleur d’enfer naissant parfois spontanément dans les cœurs humains, le doux sourire de la femme, la sainteté du berceau, le gazouillement des oiseaux, le cri rauque des fauves.

De son vers incisif comme un stylet, il a cravaché l’homme du Deux-Décembre et ses complices.

Nulle misère ne s’est produite sans l’émouvoir, nulle souffrance ne l’a trouvé indifférent, sa voix a toujours crié aux riches : « Donnez ; » aux puissants : « Pardonnez ; » aux tyrans : « Tremblez. » Il a chanté la perle qui naît au fond des mers, le brin d’herbe sur lequel la rosée met des perles ; son style, tour à tour d’une douceur infinie, ou plus impétueux que l’ouragan, imite le bruissement de la brise dans la forêt et le roulement du torrent, il est fait d’éclairs et de tonnerres. Une seule chose est