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Victor Hugo


plus grande, plus belle encore que le style et que le vers de Victor Hugo, c’est sa pensée !

La pensée de Victor Hugo sonde l’insondable, elle est voyante, elle entrevoit ce que l’atmosphère bleue cache aux hommes — la vie d’outre-tombe. Cette pensée possède la haute philosophie ; elle est justice, bonté, miséricorde et amour, elle a compris la grande rumeur qui sort du mouvement des mondes, elle rappelle la pensée du divin Jésus.

Ce n’est point de l’œuvre énorme, étonnante du poète dont je vais vous parler, mais bien de ce que j’admire plus encore ; de son âme resplendissante, de son âme pétrie d’amour, de cet amour qui embrasse l’humanité tout entière.

La talent s’acquiert, le caractère se modifie. Mais il faut des siècles et des siècles pour former une âme, il faut des luttes, des efforts inouïs pour la rendre bonne.

Être bon ! cela n’a l’air de rien, et c’est tout.

Être bon, c’est la limite la plus extrême de l’intelligence, c’est le point culminant du génie. La bonté dans le sens que je la comprends est