Page:Audoux - De la ville au moulin.djvu/181

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Ainsi qu’à mon père, je lui laissai croire que j’étais à Paris pour quelques heures seulement. À quoi bon leur dire la vérité ; ni l’un ni l’autre ne pouvaient rien pour moi et il était bien inutile de les troubler.

Firmin accourut à la nouvelle. Tout d’abord il voulait partir pour Nice, tant il était sûr de ramener Valère, mais lorsqu’il connut l’existence de Bambou et les détails de la dernière scène, il se contenta d’écrire longuement à son ami.

Après plus d’une semaine, je n’avais pas encore trouvé à me placer. Je n’en éprouvais pas un trop grand ennui. À marcher par les rues, je retrouvais mon Paris, mon cher Paris avec son bruit assourdissant et sa lumière tamisée par la poussière comme par un abat-jour d’un gris léger. Je retrouvais les moineaux familiers cherchant leur nourriture sur la chaussée et attendant pour s’enfuir l’avertissement du conducteur de tramway, et je prenais plaisir à voir que ces conducteurs avertissaient avec le même soin les oiseaux, les gens et les chiens.

Je finis par trouver une place de laveuse dans une buanderie d’hôpital. En y entrant il me sembla que j’entrais dans un nuage tant la buée était épaisse. Un homme me poussa devant un grand bassin de pierre et me dit :

— Mettez-vous là, et faites comme les autres.

À travers la buée j’aperçus des femmes retirant du bassin plein d’eau des pièces de linge qu’elles mettaient par paquets sur des tréteaux et je fis de même.

Ce travail de la buanderie est dur et désagréable,