Page:Audoux - De la ville au moulin.djvu/47

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de pêche. Bon, voilà qu’il se croit maintenant sur les grands boulevards avec son auto. Entendez-vous sa trompe ? Troum, troum, troum. Il fait peur aux petits poissons. Ah ! voilà une baleine ! Qu’il est bête ce Gaston, il croit que c’est un tramway, et il veut à toute force le déposer. Plouf ! la baleine a retourné le canot, elle va l’avaler, c’est sûr et Gaston avec…

Et tandis qu’Angèle tire son chapelet à l’intention du malheureux Gaston, et que les jumeaux devenus des baleines essayent de s’avaler l’un l’autre, Firmin s’écroule à bout de souffle, et le front en nage, comme chaque fois qu’il raconte ou se démène un peu fort.


Les vacances passées, tante Rude organisa notre vie. Les jumeaux allèrent à l’école. Angèle fut placée demoiselle de boutique chez le charcutier du village, et Firmin trop faible encore pour apprendre un métier retourna en classe comme par le passé. Quant à moi, je devenais en remplacement de Manine, la femme de journée du moulin où j’allais apprendre de tante Rude tout ce qu’il est nécessaire de savoir pour vivre à la campagne.

Comme le temps était venu d’arracher les pommes de terre, je suivis l’homme à la bêche pour les ramasser ainsi que j’avais suivi l’homme à la faux pour ramasser le blé.


À l’encontre de ce que je redoutais, Firmin ne montra aucune répugnance pour l’école du village. Il trouvait même qu’il apprenait mieux qu’à Paris. En tout cas il m’expliquait beaucoup plus clai-