Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/11

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ouverte. Cependant elle a dû s’ouvrir autrefois pour laisser entrer et sortir des charrettes dont on voit encore la trace à deux ornières qui se perdent au loin, entre les sapins. Elle ne joue plus de ce côté depuis qu’elle a vu un homme à besace s’acharner contre la serrure massive et rouillée, et cela sans s’inquiéter des aboiements furieux du chien qui disaient clairement que personne n’avait le droit d’entrer par là. La serrure avait résisté, mais l’homme était parti avec des jurons et des menaces qui avaient épouvanté l’enfant et la laissaient sous la crainte constante d’elle ne savait quel danger. Et voici qu’à l’instant même où elle y pensait, et sans qu’aucun bruit de la grille ne l’eut avertie, elle apercevait tout à coup, venant du potager, un jeune garçon qui s’avançait en lui souriant comme à une amie de toujours. Le chien, lancé pour une nouvelle course, s’arrêta net et gronda ; mais il s’apaisa vite ; sa petite maîtresse, comme attirée par le sourire joyeux de l’arrivant, marchait lentement à sa rencontre.

— Tu es donc toute seule avec lui ? demanda le jeune garçon en désignant le chien.

— Oui, dit la petite, il joue avec moi et il n’est pas méchant.