Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/116

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temps, la parole lui revenait et c’était pour lui dire :

— Douce Lumière ! Douce Lumière !

Elle disait cela d’une voix presque éteinte, mais Églantine l’entendait aussi clairement que si elle l’eût crié. Et chaque fois, elle s’approchait du lit et répondait par un tendre sourire aux yeux qui offraient tout ce qui restait en eux de tendresse.

Et maintenant qu’Églantine est seule dans sa maison, sa pensée revient tout entière à Noël. Deux semaines ont passé sans qu’il soit revenu au Verger. Elle sait, par Louis Pied Bot, qu’il n’est pas allé davantage chez ses parents. Pas un seul instant elle ne pense qu’il peut l’abandonner. Il était en colère l’autre jour, mais Luc ne pourra pas soutenir longtemps son mensonge. Le mensonge ne peut rien contre la vérité. Que Noël revienne. Elle parlera, cette fois. Il comprendra, et tout redeviendra clair.

Malgré cet espoir, ses jours sont sans gaieté, et ses nuits sans sommeil. De plus, la nuit elle a peur, une peur qui la laisse grelottante et lui ôte la faculté de raisonner. Tou, parfois relève la tête et grogne sourdement. Il a même aboyé furieusement, l’autre nuit, en se dressant vers la fenêtre,