Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/124

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— Luc, ne direz-vous pas la vérité à Noël ?

Il la regarde de ses yeux de glace et répond :

— Plutôt que de me faire haïr de mon frère, j’aimerais mieux le savoir mort.

Églantine frissonne profondément. Mort, Noël ? Le temps d’une seconde, elle le voit étendu, sans vie, et c’est une violence inconnue d’elle qui la fait se pencher davantage sur Luc. Elle regarde fixement son col ouvert tandis qu’une fureur gronde en elle.

C’est lui qui mourra !

Si elle avait une arme, elle le frapperait tout de suite. Elle l’ôterait de son chemin comme elle ôte le fumier qui se forme chaque hiver devant sa maison. Mais juste à ce moment une aiguille de sapin sèche et fourchue tombe d’aplomb et reste fichée dans l’ouverture du col de Luc. Et Douce se baisse tout à fait, retire l’aiguille sèche, la jette au loin et s’éloigne.