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Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/148

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sément ce visage où la douleur et le sacrifice s’unissent étroitement. Et, la lèvre retroussée avec une pitié faite d’étonnement et d’un peu de mépris, elle dit, l’air résigné :

— Non, vraiment, vous n’êtes pas de ce monde-ci.

Et comme si elle se sentait responsable de cette créature sans défense et si en dehors des choses de la vie, elle l’engage vivement à quitter le pays :

— Il faut partir, Églantine. Il faut partir, pauvre Douce. Peut-être, ailleurs, rencontrerez-vous des êtres semblables à vous-même.

La chaise rapprochée, elle parle longuement :

— Des tailleurs ? il y en a dans toutes les villes. Le Verger ? les parents de Marguerite Dupré s’en chargeront. Ils sont honnêtes et serviables. Et puis Marguerite deviendra sûrement la femme de Louis Pied Bot qui l’aime.

Ces deux-là sont de vrais amis sur lesquels Églantine peut compter. Quant à elle, Mlle Charmes, elle a une vieille, très vieille cousine à Paris, qui recevra la jeune fille en attendant qu’elle ait trouvé du travail et un logis.