ment, puis le meuble commence à rouler. Il roule lentement, fait trépider le parquet, recule, avance, et enfin se fixe. Il y a alors des piétinements, des froissements de toile, des chutes de courroies, puis le claquement léger d’un couvercle que l’on soulève ; et, tout de suite, une gamme rapide et sonore traverse le mur et fait se dresser Églantine qui reconnaît le son d’un harmonium. Quelques accords suivent la gamme. Un tapotement fait résonner avec insistance une note grave. Et, le couvercle rabattu, la voix calme s’anime, comme satisfaite. Cette fois, derrière les déménageurs, la porte s’est fermée.
Midi vient de sonner par la ville. Malgré cela Églantine reste assise sur son lit, toute son attention fixée sur le logement d’à-côté. Ce qu’elle entend maintenant c’est un pas incertain et lent qui va d’une pièce à l’autre. C’est un ronronnement, comme pourrait en faire la voix basse d’un homme discutant avec lui-même. C’est encore un arrêt brusque, avec la pointe d’un pied qui frappe nerveusement le parquet. Ce pas devient vif, un tabouret fait une glissade, et de nouveau ce sont des gammes, des gammes et encore des gammes, si légères, si rapides, qu’elles ne semblent pas le fait