Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/172

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six mois de sa présence à Paris, forte de l’assurance que lui avait donnée Mlle Charmes, elle s’était rendue chaque dimanche aux offices de l’une ou l’autre de ces églises vastes et sonores où des chœurs d’enfants la ravissaient et où la voix des grandes orgues la pénétrait et l’appesantissait d’une si étrange faiblesse que des larmes s’échappaient de ses yeux sans qu’elle puisse les retenir. Ah ! pouvoir un jour mêler son chant au chant des grandes orgues ! Sa voix perdue, elle avait continué d’aller dans les églises où son oreille s’affinait, mais son espoir d’y chanter s’était enfui très rapidement. D’avoir maintenant auprès d’elle un organiste, dont elle était capable d’apprécier le talent, lui faisait oublier ses regrets. C’était comme une consolation que Jacques Hermont lui apportait. Bouche fermée, elle suivait les sons, les reconnaissait et les modulait. Mais un jour, sans qu’elle y prît garde, sa bouche s’ouvrit toute grande pour suivre un miserere qu’elle aimait, et que l’organiste jouait souvent. Pendant quelques minutes ce fut dans son logement comme un chant échappé des régions inconnues.

À cause de cette voix sans faiblesse ni fêlure, l’instrument d’à-côté s’arrêta. Et