un couple heureux, tantôt séparés par un écart qui fait dire aux gens rencontrés : « En voilà deux qui ne sont plus d’accord. » Leur ennui est tel que cela ne les fait même pas sourire. Dans l’été naissant, ils s’attardent sur les routes. Le soleil les quitte pour aller se coucher dans d’épais nuages qui gardent, de loin en loin, comme des croisées ouvertes dans le ciel. La nuit qui vient les rend craintifs. Ils aimeraient ne pas rentrer dans le logement où n’est plus Christine. Ils voudraient rester loin du bruit et de la foule. Lentement, très lentement ils regagnent la gare, où toujours un train les attend, et les ramène à toute allure vers la foule et le bruit.
Rentrés chez eux, attablés sans appétit devant quelques restes, ils reprennent la conversation de la veille. Jacques parle de Christine qui doit s’ennuyer loin d’eux comme ils s’ennuient loin d’elle. Il parle de cette île, en plein océan, où il a conduit Tensia pour le temps de sa lune de miel. Et, comme à un appel, les regrets accourent qui rendent plus amer que le fiel, le pain et le vin du repas.
La table desservie, assis à même le balcon ainsi que le faisait Christine, ils se taisent, comme lorsqu’ils l’écoutaient parler