Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/230

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sers. Et brusquement, sans qu’ils l’aient voulu, leurs lèvres se rencontrent. Surpris, ils se reculent et se regardent. Ils se regardent, gênés ; et ce qu’ils voient dans les yeux l’un de l’autre, les laisse immobiles et le souffle en suspens. Puis ils se sourient et du même mouvement leurs lèvres se rapprochent et s’attachent. Et, tandis que le soleil étend sur eux ses doux rayons, leurs corps fléchissent, leurs yeux se ferment et toutes leurs pensées s’envolent.

Chaque semaine une lettre de Christine apporte des nouvelles de l’île. Parmi ces nouvelles, mêlées à l’odeur de la lande et au bruit de l’océan, Églantine cherche en vain la silhouette de Noël, dont la présence fictive là-bas la ravissait et la laissait comme étourdie de bonheur. À Paris, son imagination reste impuissante à recréer le beau rêve. Il lui semble même que le passé, avec sa réalité, commence à s’éloigner d’elle ; et cela lui fait mal, comme si Noël l’abandonnait de nouveau.

Dans les lettres de Christine, il est surtout question de l’hiver qui s’annonce et ramène la mauvaise humeur de la mer. Il