Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/244

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Christine, la bouche pleine de rire et un doigt menaçant, l’interrompit aussitôt :

— Je connais une Églantine Lumière qui n’a pas suivi le droit chemin, puisqu’elle n’est pas encore mariée à l’approche de ses quarante ans.

Et son regard malicieux allait avec une telle insistance d’Églantine à son père que tous deux s’efforcèrent de rire pour éviter de rougir.

Chaque soir, maintenant, ils la voient revenir à la maison, lasse, très lasse, mais si jolie, si enfantine dans son costume d’infirmière, si heureuse surtout que Jacques ne regrette plus d’avoir donné l’autorisation demandée.

Jacques Hermont reste infirme. Cependant au début de 1916 il a pu reprendre sa place d’organiste. On le voit sortir de sa maison, appuyé au bras d’Églantine qui soutient sa marche lente et difficile. Tous deux ne parlent guère, si ce n’est de Christine dont la santé semble décliner. Christine ne se plaint pas, au contraire, elle prétend n’avoir jamais été aussi forte.

Elle ne rentre plus chez elle comme au début. Infirmière gradée, il lui faut souvent passer ses nuits à l’hôpital. Elle vient seulement de temps à autre passer une