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Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/248

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comme lorsque Noël l’a laissée seule au bord de l’étang. L’oreille tendue, elle écoute ce silence qui dure trop. Elle fait quelques pas, elle ira jusqu’au bout du couloir et reviendra. Mais l’infirmière sort de la chambre et vient à elle, l’air grave. Elle lui prend le bras comme pour la retenir :

— Ne partez pas, elle est au plus mal. Son enfant a déjà cessé de vivre.

Elle a parlé si bas qu’Églantine a surtout deviné ses paroles. Pourquoi donc, alors, Christine la rappelle-t-elle avec tant d’insistance ?

Effrayée de cette voix d’enfant en détresse, elle dégage son bras des mains de l’infirmière et rentre dans la chambre, malgré le geste d’ennui du médecin.

Christine s’apaise aussitôt. Son regard se pose longuement sur le médecin, puis il revient à Églantine, et la petite voix défaillante supplie :

— Dis-lui qu’il me le laisse !

Incapable de répondre, Églantine acquiesça d’un signe de tête en reprenant dans les siennes les mains glacées de Christine. Elle trouve la force de lui faire le petit sourire qui les avait faites si souvent complices dans les choses qu’il fallait cacher à Jacques, pour éviter les gronderies. Il lui