Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/37

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— Montre un peu, Juliette, où tu as été mordue ?

Juliette fit voir sa main droite, puis la gauche. Elle ne se souvenait plus bien, mais ni l’une ni l’autre de ses mains ne portait trace de morsure.

— Et toi, Lumière, pourquoi lances-tu ton chien sur tes camarades ?

La petite, étonnée de la question, ne répondit pas. Et dans le même instant la maîtresse vit le petit menton tuméfié :

— Qu’est-ce que tu as là ?

— Rien, fit Douce.

— Où t’es-tu fait cela ?

— Je ne sais pas.

Marguerite Dupré parla, sans quitter son banc :

— Mademoiselle, c’est un garçon qui lui a jeté une boule de neige. Elle a crié et son chien est venu. Il nous a fait peur, mais il n’a mordu personne. Maman peut le dire !

À partir de ce jour, Mlle Charmes surveilla du coin de l’œil la leçon d’Églantine. À ses brusques reculs, et à ses violents sursauts elle devina les pincements sournois de Juliette Force. Elle vit les larmes s’échapper du rideau des longues paupières. Et, prêtant l’oreille, elle entendit la