petite voix étranglée qui s’efforçait de répéter les mots qu’il lui fallait retenir.
Et, comme une fois de plus Juliette se plaignait du mauvais vouloir de gnangnan, la maîtresse, d’un ton fâché, dit :
— C’est bon, laissez-là ! Elle sera privée de récréation !
Privée de récréation, où elle recevait plus de bourrades que de gentillesses, c’était plutôt là une récompense pour la petite. Dès qu’elle fut seule dans la classe, elle commença de jouer au cheval avec son banc, puis, ses sabots rejetés, elle se mit à courir d’un bout à l’autre du banc, se retournant d’un mouvement preste pour repartir de plus belle. Puis, d’un bond elle fut sur la table, marchant sur l’extrême rebord réservé aux encriers. Cet exercice lui était facile. N’avait-elle pas fait à peu près le même, maintes et maintes fois, sur le tronc lisse du bouleau que Noël avait jeté par-dessus le large fossé qui coupait en deux la sapinière ? La première fois qu’elle avait traversé ce pont étroit, ses deux pieds avaient glissé ensemble, et son corps avait heurté rudement les cailloux du fossé. Elle s’en souvenait, et dans la crainte d’une chute, ici, sur le dallage, elle allait doucement ; puis elle s’enhardit, oublia tout dan-