Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/47

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regarder les deux enfants au milieu de l’étang, Noël lui cria :

— Dis-lui, papa, qu’elle nage comme une oie, et qu’il faut absolument que l’on voie ses pieds !

— Elle nage plutôt comme un cygne ! dit en riant le père.

Et de fait, son cou mince et flexible soutenant bien droite sa petite tête, les mouvements souples et lents de ses bras qu’on ne voyait pas beaucoup plus que ses jambes, et son petit jupon de laine grise tout gonflé aux hanches, lui donnaient réellement l’allure de ce bel oiseau nonchalant et fier.

Plusieurs années passèrent sans que rien ne vînt troubler la bonne entente des deux enfants. Tout comme le père de Noël à Douce, le père Lumière faisait bonne figure à Noël lorsqu’il le rencontrait au Verger. Il aimait le regard franc du garçon et son manque de timidité. Il aimait sa bonne humeur toujours présente et la politesse dont il faisait preuve envers les pauvres tout autant qu’envers les riches. Lui qui ne parlait jamais à sa petite fille, il avait toujours