Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

quelque chose à dire à Noël. En ce moment il s’intéressait surtout au départ prochain du garçon pour une école d’agriculture en Algérie, d’où il reviendrait beaucoup plus savant que les gens d’ici sur les choses de la terre, et capable de tenir une ferme plus grande encore que celle de ses parents.

Églantine, à l’école, faisait de rapides progrès et cela sans se donner la moindre peine. Jamais on ne la voyait étudier. Elle lisait sa leçon une fois et ne l’oubliait plus. Elle comprenait avant qu’on ait fini de lui expliquer, mais il lui fallait toujours aller au fond des choses. Et s’il lui arrivait de lire ou d’entendre un mot qu’elle ne comprenait pas, elle le tournait et retournait dans sa tête jusqu’à ce qu’elle en ait trouvé la signification.

Elle n’avait pas attendu d’être une grande de dix ans pour apprendre à lire aux nouvelles. Celles-ci riaient au lieu de pleurer, comme elle l’avait fait elle-même au temps de Juliette Force. Mlle Charmes la prenait à part pour la gronder : « Elles ne doivent pas rire pendant la leçon, il faut être sévère, il faut vous faire craindre. »

Églantine ne savait pas se faire craindre. Elle essayait bien de froncer les lèvres et le front, mais cela faisait rire encore plus