Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/61

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Mère Clarisse n’en finissait plus de parler de l’enfant qu’elle avait emportée, un jour, de cette maison où le malheur était entré en même temps qu’elle. Une petite fille si patiente qu’on ne l’entendait jamais se plaindre, contente de tout, souriant à tous.

Noël aurait bien voulu en entendre davantage, mais le père Lumière rentrait, après avoir longuement frotté ses sabots sur le seuil. Il se montra tout heureux de revoir le petit Barray, ainsi qu’il continuait à l’appeler. Et après une demi-heure de causerie ils trinquèrent d’un verre de bon cidre et se séparèrent en vieux amis.

Noël, ainsi qu’il l’avait dit, allait pêcher dans l’étang tous les dimanches. Et le mois n’était pas encore écoulé qu’Églantine passait de longues heures auprès de lui, accompagnée de mère Clarisse. Tout était redevenu comme autrefois. Les jeunes gens reprenaient l’habitude de se baigner dans l’étang, tout comme ils avaient repris leur tutoiement familier, et mère Clarisse ses chansons.

Mère Clarisse avait tout de suite compris que l’amour remplaçait déjà la camaraderie. Cet amour, elle le voyait grandir avec une telle rapidité qu’elle en prenait