l’idée de lui tremper le museau dans le bol de lait que son grand-père lui donnait chaque soir pour son souper. Aussitôt il avait lappé, lappé, faisant rejaillir le lait de tous côtés, enfonçant son museau jusqu’au fond du bol et se retirant pour se lécher et recommencer. Après quelques essais, il sut boire proprement, et bientôt il trouva du pain émietté dans son lait. Mais Tou n’aimait pas encore la mie de pain. Il la léchait, la pressait contre le bol pour en extraire tout le liquide et c’était Douce qui mangeait le reste. Il n’avait pas tardé non plus à prendre sa part des haricots de midi avec de petites bouchées trempées dans le jus. Douce pouvait se nourrir d’un tas de choses du jardin, au cours de la journée, de carottes crues, de navets frais, qu’elle arrachait à l’insu de son grand-père, et de fruits tombés, mais à ce petit chien il ne fallait que du pain mouillé. Jamais elle ne se séparait de lui. La nuit il dormait au creux de son bras replié. Ah ! oui, il avait bien été le petit frère avec lequel on partage tout. Un temps était venu pourtant, où il avait trouvé chaque jour son écuelle pleine de soupe, dehors, auprès du seuil.
Tou écoutait parler sa maîtresse, remuant une oreille de temps en temps