Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/78

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pas non. Du même pas silencieux, Douce gagne la porte, l’ouvre et la referme sur elle, avec une telle adresse que si le vieillard ne l’avait pas vue, il n’aurait pu croire qu’elle était sortie.

L’oreille au guet, le père Lumière entend un frottement rude contre du fer. Cela vient de la grille du potager, il en est sûr. Tremblant et sans forces, il s’en va soulever le rideau à son tour, et, par l’ouverture, il voit un jeune homme descendre le long des barreaux, s’y adosser, et ouvrir les bras dans un élan fou de tout son être. Et tout aussitôt il voit sa petite-fille se jeter éperdument dans les bras tendus. Pas de baisers d’amour, comme il s’y attendait, seulement une légère caresse sur le front, et des larmes que le garçon essuie avec précaution. Tout de suite Églantine parle, et à la façon dont le jeune homme l’écoute, le malade comprend que ce qu’elle dit est grave. Le chien est vite auprès d’eux. Sans quêter la moindre caresse, il s’aplatit à leurs pieds, le museau allongé sur ses pattes, épiant le silence ainsi qu’un fidèle gardien du bonheur. Et tous trois, immobiles et inquiets, sont baignés par le clair de lune comme par une eau pure. Puis Églantine cherche à se dégager des bras qui la