ses jambes, vite lasses, ont grand besoin de repos.
Les jeunes gens ne vont plus guère dans la sapinière, le dimanche. Ils aiment à revoir les bois où ils se cachaient étant enfants. Et s’ils n’ont plus l’envie de grimper et sauter, ils sont heureux de s’asseoir sur les feuilles sèches qui, au moindre de leur mouvement, font un grand bruit de soie froissée.
Églantine, sur la demande de Noël, chante ou dit les beaux vers appris par Mlle Charmes. Noël s’émerveille autant de sa mémoire que de sa voix :
— Comment peux-tu retenir tant de choses ?
Et dès qu’elle fait silence il reprend son rêve de bonheur à venir.
Par les longues veillées d’hiver, lorsque le vent souffle en furie, que la neige envahit la cour de la ferme et couvre le toit des étables, ils auront une pièce bien chauffée où ils se tiendront. Églantine, à son choix, aura un piano ou un harmonium. Elle chantera et fera de la musique. Il ne la verra pas, le soir venu, dormir sur sa chaise en attendant l’heure du coucher, ainsi que le fait sa mère. Églantine sera dans la maison comme une plante mer-