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Page:Audoux - La Fiancee.djvu/156

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avancer la jument tout au bord du quai devant le bateau, et pendant que le petit, tout inquiet, se rapprochait de sa mère, deux hommes adroits lui passaient une grossière sous-ventrière où s’accrochait une barre de bois qui lui maintenait les jarrets ; puis on entendait sur le bateau le grincement d’une poulie, deux roues tournaient, et un câble muni d’un énorme crochet s’abaissait vers le poulain et le soulevait comme un colis.

Tous avaient le même mouvement de frayeur quand ils se sentaient soulevés de terre : leurs paupières battaient très vite, ils allongeaient leurs jambes de devant en repliant le pied, comme s’ils cherchaient un point d’appui, et, n’en trouvant pas, ils cessaient de se raidir, et tout leur corps pendait au bout du câble. La minute d’après, ils disparaissaient par un large trou au fond du bateau, d’où sortaient des hennissements et des piaffements de recul.

Après cela, la femme et la jument s’en retournaient du même pas lent, pendant que le marchand courait sur le bateau et se penchait au-dessus du trou en criant des ordres.