Page:Audoux - La Fiancee.djvu/204

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devint méfiant et tracassier. Il exigeait qu’on le laissât seul avec son fils dans le jardin où il passait ses journées assis dans un fauteuil tandis que le petit jouait silencieusement près de lui.

Quand l’hiver arriva ce fut une vraie torture, mon mari obligé de garder le lit voulait que son fils restât tout le jour dans sa chambre, mais le docteur le défendait très sévèrement. Je passais tout mon temps à imaginer des prétextes pour éloigner l’enfant. C’était épouvantable !

Le père menaçait et suppliait pour avoir son fils et rien ne pouvait distraire l’enfant qui pleurait et voulait son père.

Au commencement de mars le docteur m’avertit que le malade ne verrait pas l’été. Il vécut encore deux mois avec de la fièvre et du délire. Il appelait son fils à grands cris, et quoique l’enfant fût souvent assez éloigné pour que les cris ne lui parvinssent pas, il semblait les entendre, il échappait à toutes les mains pour courir vers la chambre de son père.

Un matin, mon mari me fit signe d’appro-