Page:Audoux - La Fiancee.djvu/36

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eurent peur soudain. Est-ce que, par cet affaissement, la rivière allait entrer chez eux ? Justement elle était en crue depuis la veille. Le voisin, tout en s’assurant de la solidité d’un petit barrage de son pré, leur dit encore :

— Elle enfle aujourd’hui. Demain, elle fera des dégâts.

Le lendemain, en effet, la rivière avait grossi de telle sorte qu’elle baignait fortement le pied des saules et du noisetier. Et elle recouvrait de beaucoup ce qui restait du néflier.

Tant que dura la crue, Nestin et Nestine, le cœur plein de crainte, restèrent de longues heures immobiles au bout de leur clos. Ils regardaient passer cette eau bourbeuse et haute qui filait rapide et grondante, pressée d’aller porter le malheur le long de ses rives. Au-dessus de ce qui restait du néflier, elle tourbillonnait et se creusait, comme furieuse de buter contre cet obstacle qu’elle rencontrait au fond et qui semblait vouloir retarder sa course.

Nestin et Nestine ne retrouvèrent leur tranquillité qu’à la fin de l’hiver, lorsque la ri-