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Page:Audoux - Marie-Claire.djvu/127

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MARIE-CLAIRE

il dit qu’une bergère ne devait jamais quitter son troupeau. Il voulait bien me conduire de temps en temps à la messe du village, mais il ne fallait pas compter qu’il m’emmènerait à la ville.

J’en restai tout étourdie. C’était comme si j’avais appris un grand malheur ; et chaque fois que j’y pensais, je voyais sœur Marie-Aimée comme une chose très précieuse que le fermier aurait brisée par mégarde.

Le samedi d’après, je vis partir les fermiers dès le matin comme d’habitude ; mais, au lieu de rester jusqu’au soir, ils étaient de retour dans l’après-midi avec un marchand qui venait acheter une partie des agneaux.

Je n’avais jamais pensé qu’on pût aller à la ville en si peu de temps ; l’idée me vint de laisser un jour mes moutons dans le pré pour courir embrasser sœur Marie-Aimée. Je trouvai bientôt que cela n’était pas possible, et je décidai de m’en aller pendant la nuit. J’espérais que je ne mettrais pas beaucoup plus de temps que le cheval du fermier, et qu’en partant au milieu de la nuit je pourrais être de retour pour mener les agneaux aux champs.