Page:Audoux - Marie-Claire.djvu/159

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
141
MARIE-CLAIRE

chais que mes agneaux mangeaient l’avoine.

La première fois j’attendis longtemps qu’elle revînt d’elle-même. Je faisais ma voix plus douce pour l’appeler. Enfin je me décidai à l’aller chercher. Mais la sapinière était si serrée que je ne savais pas comment faire pour y entrer.

Pourtant je ne pouvais pas m’en aller sans voir ce que la chèvre était devenue. Je crus reconnaître l’endroit où elle avait disparu, et j’y entrai en mettant mes mains devant ma figure pour éviter les piquants. Je la vis presque tout de suite à travers mes doigts ; elle était tout près. J’avançai la main pour la saisir par une corne, mais elle recula en déplaçant les branches qui revinrent me frapper avec force. Je réussis cependant à la saisir, et je la ramenai au troupeau.

Chaque jour elle recommençait. Je poussais mes moutons le plus loin possible de l’avoine et je me lançais à sa poursuite.

C’était une chèvre toute blanche, et j’avais tout de suite trouvé qu’elle ressemblait à Madeleine. Elle avait comme elle les yeux très éloignés l’un de l’autre. Lorsque je la forçais