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MARIE-CLAIRE

tit comme un fou, et après m’avoir regardée tout surpris, il le suivit en boitant.

J’avais bien moins peur du taureau que du mouton enflé, et chaque jour j’entrais dans l’étable en prenant des précautions pour ne pas être vue.

Pourtant Eugène m’avait vue. Il me prit à part, et en plongeant ses petits yeux dans les miens, il dit :

— Pourquoi détaches-tu le taureau ?

Je craignais de faire gronder le vacher en disant la vérité ; et je cherchais quelque chose à dire, mais je ne trouvais rien. Je commençais à dire que je ne le détachais pas. Alors Eugène prit son air moqueur pour me dire :

— Est-ce que tu serais menteuse, par hasard ?

Aussitôt je lui racontai tout et, le samedi d’après, la bête était vendue.