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MARIE-CLAIRE

J’eus l’occasion de lui rendre un service à mon tour, et j’en fus bien contente.

En détachant le taureau un matin, il avait fait un faux pas, et était tombé devant lui. Le taureau l’avait flairé en reniflant et soufflant. C’était un jeune qu’on avait élevé à la ferme et qui commençait à faire la mauvaise tête.

Le vacher craignait de le voir devenir furieux, et il était persuadé que la bête se souviendrait de l’avoir vu à terre devant elle.

J’aurais bien voulu le rassurer, mais je ne savais pas ce qu’il fallait dire pour cela. Puis j’étais toute surprise de le trouver tout à coup si vieux : il avait jeté son chapeau à terre, et je remarquai pour la première fois que ses cheveux étaient tout gris.

Toute la journée, je pensai à lui, et le lendemain, pendant que les vaches sortaient une à une, je ne pus m’empêcher d’entrer dans l’étable.

Le vacher regardait fixement le taureau qui tirait impatiemment sur sa chaîne. Je m’approchai, et après avoir caressé la bête, je la détachai.

Le vacher laissa passer le taureau qui sor-