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MARIE-CLAIRE

On l’entendait toujours chantonner d’une voix faible et harmonieuse.

Le soir, il rentrait des champs assis en travers sur un de ses bœufs, et souvent il chantait la même chanson.

C’était l’histoire d’un soldat s’en retournant à la guerre après avoir retrouvé sa fiancée mariée.

Il traînait longtemps sur le refrain qui se terminait ainsi :

Quand, par un tour de maladresse,
Un boulet m’emportera :
Allons, adieu, chère maîtresse,
Je m’en vais dans les combats.

Pauline lui parlait toujours d’un ton respectueux. Elle ne comprenait pas comment je pouvais être aussi libre avec lui.

Le premier soir où elle m’avait vue assise à côté de lui sur le banc de la porte, elle m’avait fait signe de rentrer. Mais Eugène m’avait rappelée en disant :

— Viens écouter la hulotte.

Souvent nous étions encore sur le banc quand tout le monde était déjà couché.