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MARIE-CLAIRE

et à signer des papiers, je regardai la bru de M. Tirande. C’était une grande femme brune qui avait de gros yeux et un air ennuyé.

Elle sortit de la ferme avec son mari sans avoir une seule fois regardé de mon côté.

Quand leur voiture eut disparu au bout de l’allée des châtaigniers, Pauline raconta à Eugène ce que m’avait dit M. Tirande.

Eugène, qui allait sortir, se retourna brusquement vers moi ; il paraissait indigné, et sa voix était toute changée quand il dit que ces gens-là disposaient de moi comme d’un objet leur appartenant, et pendant que Pauline s’apitoyait sur mon sort, il m’apprit que c’était déjà M. Tirande qui avait forcé maître Sylvain à me prendre à la ferme. Il rappela à Pauline combien le fermier avait eu pitié de moi en me voyant si chétive, et il m’assura qu’il avait bien du regret de ne pouvoir m’emmener dans leur nouvelle ferme.

Nous étions tous les trois debout dans la grande salle. Je sentais sur ma tête le regard désolé de Pauline, et la voix d’Eugène me faisait penser à un chant plein de douceur.

Pauline devait quitter la ferme à la fin de