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Page:Audoux - Marie-Claire.djvu/191

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MARIE-CLAIRE

corbeille pleine de paille, et Eugène le déposa dans la voiture sans le réveiller. Pauline le recouvrit avec son châle, et, après avoir fait un grand signe de croix vers la maison, elle ramassa les guides, et la voiture s’engagea sous les châtaigniers.

Je voulus les accompagner jusqu’à la route ; je suivais derrière les bœufs entre Eugène et Martine.

Nous marchions en silence. De temps en temps, Eugène encourageait ses bœufs en les touchant de la main.

Nous étions déjà très loin sur la route lorsque Pauline s’aperçut que la nuit venait. Elle arrêta son cheval, et lorsque je fus montée sur le marchepied de la voiture pour l’embrasser, elle me dit tristement :

— Adieu, ma fille ! Conduis-toi bien.

Elle ajouta, la voix pleine de larmes :

— Si mon pauvre Sylvain eût vécu, il ne t’aurait jamais abandonnée.

Martine m’embrassa en souriant :

— On se reverra peut-être ! me dit elle.

Eugène ôta son chapeau ; il me donna une longue poignée de main en disant lentement :