Page:Audoux - Marie-Claire.djvu/209

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
191
MARIE-CLAIRE

sentier ; mais moi, j’avais un grand plaisir à marcher dans l’herbe molle.

On arriva bientôt près du grand bois où le loup m’avait pris un agneau.

J’avais gardé de ce bois une frayeur mystérieuse, et quand on quitta le sentier de la rivière pour prendre un chemin qui traversait les bois, je fus prise d’une véritable épouvante.

Cependant le chemin était large ; il devait même y passer souvent des voitures, car les ornières y étaient profondes.

Au-dessus de nos têtes, les aiguilles des sapins crissaient continuellement en se frôlant. Cela faisait un bruit doux et léger qui ne ressemblait en rien au chuchotement sec et coupé de silences que le bois avait fait entendre quand il était chargé de neige. Malgré cela, je ne pouvais m’empêcher de regarder derrière moi.

On ne marcha pas longtemps dans les bois ; le chemin tournait à gauche, et on se trouva tout de suite dans la cour du Gué Perdu.

La petite rivière passait derrière les étables, comme à Villevieille ; mais ici les prés étaient