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MARIE-CLAIRE

à la lingerie ; elle mit les clefs sur les armoires, et après m’avoir recommandé de bien faire attention, et de ne rien déranger, elle me laissa seule.

J’eus vite fait d’ouvrir et de refermer les grandes armoires reluisantes.

J’aurais voulu m’en aller tout de suite. Cette grande lingerie froide m’épouvantait comme une prison : mes pas résonnaient sur les dalles, comme s’il y avait eu en dessous des caveaux profonds. Il me sembla tout à coup que je ne sortirais plus jamais de cette lingerie.

Je tendis l’oreille pour écouter le bruit des bêtes, mais je n’entendis que la voix de Mme Deslois. C’était une voix forte et rauque, qui traversait les murs et pénétrait partout.

J’allais vers la fenêtre, pour me sentir moins seule, quand une porte que je n’avais pas remarquée s’ouvrit brusquement derrière moi. Je tournai la tête, et je vis entrer un homme jeune, qui portait une longue blouse blanche, et une casquette grise.

Il s’arrêta comme s’il était surpris de trou-