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Page:Audoux - Marie-Claire.djvu/234

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MARIE-CLAIRE

— Cette maison ne servait à rien, et je suis bien contente qu’elle soit vendue.

Henri Deslois vint s’asseoir sur la table, si près de moi qu’il aurait pu me toucher. Il dit d’une voix assez ferme :

— Je regrette que vous l’ayez vendue sans m’en avoir parlé, car j’avais l’intention de l’acheter.

M. Alphonse se tortilla comme un ver. Il faisait des efforts pour rire aux éclats, et, à travers son rire, il disait :

— L’acheter, l’acheter, mais qu’en auriez-vous fait ?

Henri Deslois posa sa main sur le dossier de ma chaise, et il répondit :

— Je l’aurais habitée comme Jean le Rouge.

M. Alphonse se mit à aller et venir devant la cheminée ; son visage était devenu d’un jaune terreux ; il tenait ses mains dans les poches de son pantalon, et ses pieds se soulevaient si vite qu’on eût dit qu’il les remontait avec une ficelle qu’il tenait dans chaque main.

Puis il vint s’appuyer à la table en face de nous, et en nous regardant l’un après l’autre