Page:Audoux - Marie-Claire.djvu/245

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
227
MARIE-CLAIRE

J’essayai de fixer mes idées ; je ne savais pas bien si je revenais. Elle reprit :

— Sœur Marie-Aimée n’est plus ici.

Je crus que c’était le mauvais rêve qui continuait, et je toussai pour me réveiller ; puis je regardai le feu, et je tâchai de savoir pourquoi il sifflait. La supérieure dit encore :

— Est-ce que vous êtes malade ?

Je répondis :

— Non.

La chaleur me ranimait, et je me sentais mieux.

Je comprenais enfin que j’étais revenue, et que je me trouvais chez la supérieure. Je rencontrai ses yeux fixes et me rappelai tout.

Elle disait en se moquant :

— Vous n’avez pas beaucoup changé ; quel âge avez-vous donc ?

Je répondis que j’avais dix-huit ans.

— Eh bien, reprit-elle, cela ne vous a pas beaucoup fait grandir, d’aller dans le monde.

Elle mit un coude sur la table, et me demanda pourquoi je revenais.

Je voulais répondre que c’était pour voir sœur Marie-Aimée ; mais j’eus peur de l’en-