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MARIE-CLAIRE

différente, et, si les épais rideaux de calicot ne déparaient pas les autres fenêtres, ils lui faisaient à elle comme un visage aux yeux fermés.

La nuit commença à tomber sur les allées, et les lumières s’allumaient à l’intérieur des salles.

Je voulais me lever du banc ; je pensais : « Bel-Œil va m’ouvrir la porte. »

Mais mon corps était comme écrasé, et il me semblait que des mains larges et dures se posaient lourdement sur ma tête, et toujours ces mots revenaient comme si je les avais prononcés tout haut : « Bel-Œil va m’ouvrir la porte. »

Mais voilà qu’une voix pleine de pitié disait près de moi :

— Je vous en prie, Marie-Claire, ne restez pas ainsi dans la neige !

Je relevai la tête : j’avais devant moi une toute jeune religieuse dont le visage était si beau, que je ne me souvenais pas d’en avoir jamais vu de pareil.

Elle se pencha pour m’aider à me lever, et comme j’avais de la peine à me tenir debout,