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MARIE-CLAIRE

voyais les cuisines. Sœur Désirée-des-Anges, longue et droite, m’attendait à la porte. Je ne voyais d’elle que sa cornette et sa robe noire, et je l’imaginais vieille et sèche.

L’idée me vint de me sauver ; je n’avais qu’à courir jusqu’à la porte ; je dirais à Bel-Œil que j’étais venue en visite ; elle me laisserait sortir et tout serait dit.

Au lieu d’aller du côté de la porte, je me dirigeai vers les bâtiments où s’était passé mon enfance.

Je ne savais pas pourquoi j’y allais. Mais je ne pouvais pas m’empêcher d’y aller. Je ressentais aussi une grande fatigue, et j’aurais voulu m’étendre pour dormir longtemps.

Le vieux banc était toujours à sa place ; j’écartai de la main la neige qui le recouvrait ; et je m’assis en m’appuyant au tilleul, comme autrefois M. le curé.

J’attendais quelque chose, et je ne savais pas quoi. Je regardai la fenêtre de la chambre de sœur Marie-Aimée.

Elle n’avait plus ses beaux rideaux de mousseline brodée, mais elle avait beau être pareille aux autres, je la trouvais quand même