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MARIE-CLAIRE

me semblait voir remuer des ombres dans le creux des plis que la veilleuse n’éclairait pas.

Mon attention fut détournée par la cloche du dîner. J’en reconnaissais le son, et, malgré moi, j’en comptais les coups.

Puis le silence se fit, et la jeune sœur entra de nouveau dans la chambre. Elle m’apportait un bol de bouillon tout fumant.

Elle fit glisser le grand rideau sur sa tringle ; et elle eut presque le même geste que Mélanie quand elle dit :

— Voici votre chambre, et voici la mienne !

Je fus tout de suite rassurée en voyant que son petit lit de fer était pareil au mien. Je commençais à penser que j’avais devant moi sœur Désirée-des-Anges, mais je n’osais pas y croire et je le lui demandai.

Elle fit « oui » de la tête, et tout en approchant sa chaise de la mienne, elle dit en mettant son visage dans la lumière :

— On dirait que vous ne me reconnaissez pas !

Je la regardai sans répondre.

Non, je ne la reconnaissais pas : j’étais même sûre de ne l’avoir jamais vue, car je