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MARIE-CLAIRE

n’imaginais pas qu’on pût oublier ses traits lorsqu’on les avait vus une seule fois.

Elle fit une petite moue comique en disant :

— Je vois bien que vous ne vous souvenez plus de cette pauvre Désirée Joly.

Désirée Joly ?… ah ! si je m’en souvenais ! c’était une jeune fille qui faisait son noviciat ; elle avait un visage plus rose que les roses, elle avait aussi une taille fine, et elle était rieuse et aimante. Elle sautait si fort, quand elle jouait à la ronde avec nous, que sœur Marie-Aimée lui disait souvent :

— Voyons, mademoiselle Joly, pas si haut, on voit vos genoux.

Et maintenant, j’avais beau regarder sœur Désirée-des-Anges, il m’était impossible de faire le plus petit rapprochement. Elle dit :

— Oui, le vêtement de religieuse nous change beaucoup !

Elle releva ses manches d’un geste vif, et avec la même petite moue de tout à l’heure, elle dit encore :

— Oubliez que je suis sœur Désirée-des-Anges, et rappelez-vous que Désirée Joly vous aimait bien autrefois.