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Page:Audoux - Marie-Claire.djvu/257

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MARIE-CLAIRE

Il y avait des jours où je sonnais si longtemps, que sœur Désirée-des-Anges ouvrait la fenêtre et me disait avec une moue suppliante :

— Assez ! Assez !

Depuis que j’étais aux cuisines, Véronique la pimbêche affectait de regarder de côté en me parlant, et si je me renseignais près d’elle pour connaître la place d’un objet, elle me l’indiquait seulement d’un geste.

Sœur Désirée-des-Anges la suivait des yeux en faisant une petite grimace du coin de la bouche.

Elle n’avait plus sa pétulance de jeune novice, mais elle restait enjouée et moqueuse.

Chaque soir, nous nous retrouvions dans notre chambre. Elle me forçait à rire par quelques remarques plaisantes sur ce qui s’était passé dans la journée.

Il arrivait, parfois, que mon rire finissait en sanglots douloureux ; alors, elle appuyait ses mains l’une contre l’autre comme les saintes, et elle disait en regardant en haut :

— Oh ! comme je voudrais que votre chagrin s’en aille !