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MARIE-CLAIRE

Je levai la tête vers les fenêtres des dortoirs, dans l’espoir que quelqu’un pourrait entendre ce que j’avais à dire.

Mais mon regard ne rencontra que le cadran de la grosse horloge, qui semblait regarder dans la chambre par-dessus les tilleuls : il marquait cinq heures ; alors je ramenai les couvertures sur sœur Désirée-des-Anges et je sortis sonner le réveil.

Je sonnai longtemps ; les sons s’en allaient loin, bien loin ! Ils s’en allaient où s’en était allée sœur Désirée-des-Anges.

Je sonnais, parce qu’il me semblait que la cloche disait au monde que sœur Désirée-des-Anges était morte.

Je sonnais aussi parce que j’espérais qu’elle mettrait encore une fois son beau visage à la fenêtre pour me dire :

« Assez ! assez ! »

Mélanie m’arracha brusquement la corde. La cloche, qui était lancée, retomba à faux, et fit entendre une sorte de plainte.

Mélanie me dit :

— Es-tu folle, voilà plus d’un quart d’heure que tu sonnes !