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MARIE-CLAIRE

Je répondis :

— Sœur Désirée-des-Anges est morte.

Véronique entra avec nous dans la chambre ; elle remarqua que le rideau blanc ne séparait pas les deux lits ; et avec un geste de mépris, elle trouva que c’était honteux pour une religieuse de laisser voir ses cheveux.

Mélanie passait son doigt sur chaque larme qui coulait sur ses joues. Sa tête se penchait davantage de côté ; et elle me dit tout bas :

— Elle est encore plus jolie qu’avant.

Le soleil s’étalait maintenant sur le lit, et recouvrait complètement la morte.

Toute la journée, je restai près d’elle.

Quelques religieuses vinrent la voir. L’une d’elles lui recouvrit le visage avec un linge ; mais aussitôt qu’elle fut sortie, je retirai le linge.

Mélanie vint passer la veillée de nuit avec moi. Quand elle eut fermé la fenêtre, elle alluma la grosse lampe, afin, dit-elle, que sœur Désirée-des-Anges ne regardât pas encore dans le noir.