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MARIE-CLAIRE

Ce jour-là, je vis les deux vaches rouges et, directement sous le marronnier, une belle vache noire. Je dis à Ismérie :

— Tiens, on a changé la vache blanche, sans doute parce qu’elle était méchante.

Ismérie, qui était de mauvaise humeur, se mit à crier, disant que je me moquais toujours des autres, en voulant leur faire croire des choses qui n’existaient pas.

Je lui montrai la vache : elle soutint que c’était la blanche ; moi, je soutenais que c’était une noire.

Sœur Marie-Aimée entendit. Elle paraissait outrée, quand elle dit :

— Comment peux-tu soutenir que cette vache est noire ?

À ce moment, la vache se déplaça ; elle paraissait maintenant noire et blanche, et je compris que c’était l’ombre du marronnier qui m’avait trompée. J’étais si stupéfaite que je ne trouvai rien à répondre ; je ne savais comment expliquer cela. Sœur Marie-Aimée me secoua violemment.

— Pourquoi as-tu menti ? allons ! réponds, pourquoi as-tu menti ?