Page:Audoux - Marie-Claire A Villevieille, édition Philip, 1913.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
15
MARIE-CLAIRE

mais ce fut la fenêtre du premier étage qui s’ouvrit. Un homme qui avait un bonnet de coton demanda :

— Qui est là ?

Je répondis :

— Une petite fille.

L’homme reprit d’une voix étonnée :« Une petite fille ! » puis il me demanda d’où je venais, où j’allais, et ce que je voulais.

Je n’avais pas prévu toutes ces questions, et je nommai la ferme que je venais de quitter ; mais je mentis en disant que j’allais retrouver ma mère qui était malade, et je le priai de vouloir bien me faire entrer dans sa maison pendant la pluie.

Il me dit d’attendre, et je l’entendis causer avec une autre personne ; puis il revint à la fenêtre pour me demander si j’étais seule. Il voulut aussi savoir mon âge, et quand je dis que j’avais treize ans il trouva que je n’étais pas peureuse d’avoir traversé le bois pendant la nuit.

Il resta un moment penché comme s’il espérait voir mon visage que je tenais levé vers lui ; puis il tourna la tête à droite et à gauche en cherchant à voir dans la profondeur du bois ; et il me conseilla de marcher encore un peu, en m’assurant qu’il y avait un village au bout de la forêt, et que je trouverais des maisons où je pourrais me sécher.

Je m’en retournai dans la nuit. La lune s’était tout à fait cachée et la pluie tombait maintenant très fine. Je marchai encore longtemps avant d’arriver au village. Les maisons étaient toutes