Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/109

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possession est l’unique objet de ses désirs ; comme il semble plein d’extase lorsque ses caresses sont bien reçues ; comme il l’évente de ses petites ailes, ainsi qu’il évente les fleurs, et lui donne dans son bec l’insecte ou le miel qu’il n’a été chercher que pour lui plaire ; comme ses attentions sont accueillies avec bonheur ; comme bientôt après est scellée l’heureuse union ; comme le mâle alors redouble de courage et de soins ; comme il ose même donner la chasse au gobe-mouche tyran, et ramener grand train jusque chez eux le martin et l’oiseau bleu ; et comme enfin, sur ses ailes retentissantes, il revient triomphant et joyeux, auprès de sa compagne chérie ! Lecteur, toutes ces marques de sincérité, de fidélité et de courage, preuves certaines pour la femelle des soins qu’il lui prodiguera pendant qu’elle couvera ses œufs, tout cela a été vu, tout cela je l’ai vu ; mais je ne peux le peindre ni le décrire.

S’il vous était donné de jeter seulement un regard sur le nid de l’oiseau-mouche et de voir, comme je l’ai vu, les deux jeunes nouvellement éclos, guère plus gros qu’un bourdon, nus, aveugles et si faibles, qu’ils peuvent à peine lever leur petit bec pour recevoir la nourriture de leurs parents ; s’il vous était donné de voir ces parents pleins de crainte et d’anxiété, passant et repassant à quelques pouces seulement de votre visage, allant se poser sur une branche que vous touchez presque de la main, et attendant avec tous les signes du plus violent désespoir le résultat de votre inquiétante visite ; — ah ! vous comprendriez alors l’angoisse profonde d’un père et d’une mère menacés de la mort imprévue d’un