Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/111

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mais l’exiguïté de leur corps empêche de les suivre plus de cinquante ou soixante pas, en se forçant beaucoup la vue, et même avec une bonne lunette. — Une personne assise dans son jardin, près d’une althée en fleurs, sera tout à coup surprise d’entendre le bourdonnement de leurs ailes, et aussi vite de voir à quelques pas d’elle l’oiseau lui-même. L’instant d’après elle regarde ; déjà, hors portée de l’oreille et des yeux, la petite créature a disparu comme un trait au haut des airs. Ils ne descendent jamais sur la terre, mais se posent aisément sur les jeunes pousses et les branches où ils se meuvent de côté, en pas agréablement cadencés, ouvrant et refermant leurs ailes, s’éplumant, se secouant, et faisant toute leur petite toilette avec adresse et propreté. Ils aiment particulièrement à étendre une aile, puis l’autre, en passant chaque tuyau de plume tout du long en travers de leur bec ; et l’aile, ainsi lissée, devient, quand le soleil brille, d’un éclat merveilleux. En un instant, et sans la moindre difficulté, ils s’élancent de dessus la branche, et paraissent doués d’une remarquable puissance de vue, puisqu’ils poussent droit au martin ou à l’oiseau bleu, quoique distants de cinquante ou soixante pas, et les atteignent avant même qu’ils ne se soient aperçus de leur approche. Il semble que pas un oiseau ne veuille résister à leurs attaques ; mais ils sont, à leur tour, quelquefois pourchassés par les plus grosses espèces de bourdons ; et ils ne s’en inquiètent nullement, grâce à la supériorité de leur vol qui, dans le court espace d’une minute, les emporte bien loin de ces insectes aux mouvements pesants.