Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/113

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naissance qu’ils prennent tout l’éclat de leurs couleurs, cependant la gorge du mâle reflète déjà vivement ses teintes de rubis, même avant qu’il ne nous quitte à l’automne.

L’oiseau-mouche à gorge de rubis a un goût tout particulier pour les fleurs à corolle longuement tubulée ; la pomme épineuse, la fleur trompette, ou Bignonia radicans, sont spécialement favorisées de ses visites, et après elles, le chèvrefeuille, la balsamine des jardins et les espèces sauvages qui croissent au bord des étangs, des ruisseaux et des profondes ravines. Mais chaque fleur, jusqu’à la violette des champs, lui fournit sa part de subsistance. Sa nourriture se compose principalement d’insectes, surtout de coléoptères, qu’avec d’autres petites mouches on trouve communément dans son estomac. Quant aux premiers, il se les procure dans les fleurs mêmes, mais il prend les dernières, pour la plupart, en volant ; de sorte que cet oiseau pourrait être considéré comme un fin gobe-mouche.

Le nectar ou miel qu’ils sucent des différentes fleurs étant de lui-même insuffisant pour les soutenir, ils en font usage plutôt pour étancher leur soif. J’en ai vu plusieurs retenus isolément en captivité ; on leur donnait des fleurs artificielles faites exprès, et dans les corolles desquelles on avait mis du miel ou du sucre dissous dans l’eau. Les prisonniers se nourrissaient de ces substances exclusivement, mais rarement vivaient plusieurs mois ; et quand on les examinait après la mort, on les trouvait extrêmement amaigris. D’autres,