Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/115

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troupes de dix et douze. Ils sont querelleurs, se livrent de fréquents combats dans les airs, et principalement entre mâles. Que l’un d’eux soit occupé à butiner dans une fleur, et qu’un autre s’en approche, immédiatement on les voit s’enlever tous deux, en poussant de petits cris et tournoyant en spirale jusqu’à perte de vue. La bataille finie, le vainqueur revient aussitôt à sa fleur.

Si par une comparaison je pouvais, cher lecteur, vous donner quelque idée de leur mode de voler et de l’effet qu’ils produisent quand ils sont emportés sur leurs ailes, je vous dirais, à part la différence de couleur, qu’un gros sphinx bourdonnant d’une fleur à l’autre, et en ligne droite, ressemble à l’oiseau-mouche plus qu’aucun autre objet que je connaisse.

Ayant entendu dire que, pour tuer ces fragiles créatures sans endommager leur plumage, il fallait charger son fusil avec de l’eau, je voulus en faire moi-même l’expérience. — Auparavant j’avais l’habitude de les tuer, soit avec des charges excessivement faibles, soit avec du sable, au lieu de plomb. — Mais bientôt je reconnus qu’en n’employant que l’eau je n’avais guère de chance de réussir ; et si l’on ajoute qu’après chaque coup j’étais obligé de nettoyer mon fusil, on comprendra pourquoi je dus renoncer à cette méthode qui, j’en suis persuadé, n’a jamais été mise en usage avec succès. — J’en ai souvent pris en me servant simplement d’un filet à insectes. Entre des mains habiles, c’est le meilleur instrument pour se procurer des oiseaux-mouches.